ICO : la ruée vers l’or de la cryptomonnaie

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Avec l’arrivée des levées de fonds en cryptomonnaie (ICO) en France, assiste-t-on à de nouvelles opportunités pour le financement des start-up? Ou à un écran de fumée destiné à masquer des projets farfelus et opaques ?

Depuis quelques mois, le jargon financier a accueilli un nouvel acronyme : ICO, ou Initial Coin Offering. Si l’étymologie est une déclinaison de l’IPO, nous sommes loin du mécanisme d’introduction en bourse avec ses codes, son coût et ses contraintes réglementaires. Dans cette nouvelle ère d’inspiration, il s’agit d’une émission de « tokens » (jetons en français) échangeables en monnaie virtuelle, telle que le Bitcoin ou l'Éther. Ces « actifs numériques » sont  émis directement par une entreprise sur des plates-formes spécialisées, utilisant la technologie Blockchain (« chaîne de blocs »), une sorte de cahier d’enregistrement dématérialisé qui sert de base de stockage et de transmission de flux pour les monnaies virtuelles. Certes, tous ces termes paraissent totalement hermétiques malgré leur large usage dans les médias ces derniers mois. Mais le succès de ce nouveau phénomène est bien réel et dépasse largement le cercle des « geeks ».  Le nombre d'ICO a explosé dans un contexte d'envolée spéculative des cours des cryptomonnaies.

Les premières opérations françaises

En 2017, les ICO auraient ainsi collecté quelque 3,8 milliards de dollars, selon le site spécialisé « Coindesk », et le phénomène a aussi gagné l’Hexagone même s’il n’en est encore qu’à sa phase embryonnaire. La première ICO portée par une équipe française a été réalisée en novembre 2016 pour le projet lyonnais Beyond the Void : la start-up a alors levé 30 395 éthers, soit 332 000 dollars au moment de l’ICO (bien plus désormais, étant donné la croissance de l’éther), pour financer son jeu vidéo qui associe jeu de stratégie en temps réel et jeu de rôle. Au printemps dernier, une deuxième levée de plus grande envergure a été réalisée par le projet iExec de cloud distribué, cofondé par un chercheur de l’INRIA, qui a collecté 2 761 bitcoins et 173 886 éthers levés, soit 12,5 millions de dollars, en moins de 3 heures. Il s’agissait alors de la cinquième plus grande ICO de l’histoire… et d’autres projets sont en cours suscitant un engouement croissant pour ces tours de table atypiques.

Perspectives lucratives ou monnaie de singe ?

Les droits ou avantages attachés à la détention d’un token varient selon les cas. Dans un grand nombre d’hypothèses, ce jeton est conçu comme une crypto-monnaie et ne donne pas de droit sur la société émettrice : il ne confère aucun droit de propriété, aucun droit dans le capital, aucun droit aux dividendes. Investir dans une ICO peut toutefois se révéler très lucratif dès lors qu’il est possible de revendre ultérieurement le token sur un marché secondaire, dans un contexte où les crypto-monnaies tendent à prendre rapidement beaucoup de valeur. L’exemple de la très forte hausse du Bitcoin, dont le cours a progressé de plus de 500 %, passant de 3.000 dollars (2.550 euros) en septembre à plus de 15.000 dollars (12.750 euros) en moins de trois mois, incite les spéculateurs à investir dans les ICO dans l’espoir d’un profit important et rapide, malgré le risque élevé de perdre leur mise. Car à ce jour, les ICO ne sont régies par aucun cadre réglementaire et peuvent donner lieu à de sévères déconvenues, voire à des opérations purement frauduleuses. Aux Etats-Unis, l’autorité de régulation des marchés financiers, la SEC, tente de freiner les dérives en assimilant les « tokens » à des actifs financiers, mais en Europe, seule une charte des bonnes pratiques tente une timide autorégulation du marché pour protéger les investisseurs imprudents.

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