Responsabilité sociétale des entreprises : le rôle central du DAF

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Si le DAF s’est approprié la thématique RSE dans ses aspects les plus concrets, il est parfois confronté au règne du flou dans la transposition de notions éthiques dans une réalité chiffrée. Comment déployer des indicateurs extra-financiers et dans quel ordre de priorité ? Quelle méthodologie adopter parmi les différents référentiels existants, parfois surdimensionnés ou inadaptés à certains secteurs d’activité ?
 

Longtemps, le développement durable a relevé du domaine du service communication, département marketing, voire de la direction opérationnelle en cas de sujets critiques. Voici qu’il investit le champ de la direction financière depuis que la loi NRE a imposé la publication d’informations sur les conséquences sociales et environnementales de l’activité des entreprises cotées. Une obligation de reporting qui s’étend aux ETI et aux entreprises non cotées à la fois sous la pression législative et celle des différentes parties prenantes (donneurs d’ordre, investisseurs…).

Selon une étude menée par Greenbiz et EY auprès de 272 entreprises, 65% des sondées répondent positivement à la question de savoir si leur CFO s’implique en faveur de la RSE. Cette implication croissante s’explique du fait que deux des objectifs principaux des stratégies RSE, la gestion des risques et la réduction des coûts, sont directement connectées au travail du directeur financier.
En outre, le fort développement des actions autour du reporting intégré incite les acteurs du monde financier à se préoccuper de la RSE. Ainsi, selon une étude récente réalisée par Malakoff Médéric et l’Orse (Observatoire sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises), 58 % des entreprises sondées réalisaient un reporting RSE en 2015, contre 40 % en 2014. Une progression qui devrait se poursuivre, puisque 13 % des répondants à l’étude envisagent de « développer prochainement un processus de reporting ». Mais justement, que mettre dans ce reporting et quelle méthodologie suivre dans un contexte où les notions de responsabilité sociétale, développement durable, ou encore ESG (pour Environnement Social Gouvernance) semblent recouvrir des réalités à géométrie très variable.
 
Démarche pragmatique
On peut prendre comme premier point de départ les sept questions centrales portées par l'ISO 26000, référentiel international de définition de la RSE : respect des intérêts des consommateurs et des clients, préservation de l'environnement, loyauté et responsabilité sur les marchés, valorisation du capital humain, respect des droits fondamentaux de la personne, équilibre entre intérêts de l'entreprise et intérêt général et transparence du système de décision. Il existe aussi des standards internationaux comme la GRI qui propose des référentiels sectoriels. Mais quel que soit le référentiel choisi, les trois grandes catégories sont toujours les mêmes, à savoir : environnement, social et gouvernance (ESG). C'est pourquoi le reporting extra-financier peut vite ressembler à un inventaire à la Prévert énumérant à la fois la mesure des émissions de gaz à effet de serre, celle des consommations de ramettes papier, la politique de prévention des discriminations ou encore l'organisation de la gouvernance.

Par quel critère commencer ? Rien ne sert  de vouloir couvrir un périmètre exhaustif en affichant des résultats dérisoires qui pourraient faire penser à une posture de « green-washing », plutôt qu’à une véritable démarche volontariste. Le pragmatisme est le maître-mot. Autant focaliser le reporting sur les actions qui mettent le plus en valeur l’entreprise. Celles qui en font un mieux-disant par rapport à la moyenne de son secteur, ou un « best-in-class » comme l’anglicise le jargon de l’investissement socialement responsable (ISR).  Valoriser une politique sociale particulièrement innovante (formation, diversité, promotion interne…) ou la construction d’une usine HQE par exemple, peu importe si la motivation à l’origine n’était pas liée à une préoccupation éthique mais plutôt à la maximisation de la performance ou à une contrainte business. Car comme le disent les pionniers du domaine, la RSE est comme la prose de Monsieur Jourdain, tout le monde en fait sans le savoir !

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