Management : en finir avec la comédie (in)humaine

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« Innove, mais suis les process », « sois autonome, mais badge quand tu entres et sors », « sois heureux, mais comme on te dit de l’être », autant d’injonctions contradictoires aujourd’hui en vigueur au sein des entreprises. Pour remettre un peu de bon sens dans le management moderne, la philosophe Julia de Funès s’est alliée à l’économiste Nicolas Bouzou. Ensemble, ils livrent un ouvrage intitulé La comédie (in)humaine aux éditions de l’Observatoire. Retour sur les maux du travail en France, avec Julia de Funès.

Quel est votre analyse sur l’état du travail en France ?

Les grandes entreprises se portent économiquement bien. Dans le même temps, nous constatons une tendance forte à la démotivation des salariés. Le nombre d’arrêts maladies ne cesse de croître et les burn-out sont de plus en plus fréquents. Cela signifie que la performance économique ne suffit pas à elle seule à donner un sens au travail. Les employés sont en recherche de sens. Les entreprises multiplient donc les investissements dans le « bien être » de leurs salariés et tentent de fidéliser des collaborateurs de plus en plus volages.

La mise en place de baby-foot au sein des entreprises peut-elle participer au bonheur des salariés ?

Je ne pense pas. Pas plus que les bars à smoothies bio ! Il y a aujourd’hui une véritable injonction au bonheur et pourtant le rôle de l’entreprise n’est pas de rendre les salariés heureux ! Les entreprises sont aujourd’hui convaincues que le bonheur des salariés est une condition à la performance. Je pense qu’il faut inverser la réflexion : la performance est une condition au bonheur. Un salarié qui, au sein d’une entreprise en bonne santé, parvient à livrer de bons résultats, est souvent bien plus épanoui qu’un salarié qui doit multiplier les process avant de pouvoir exécuter la moindre tâche.

Quelles sont les solutions que vous préconisez pour accroître la motivation au sein de l’entreprise ?

Il faut en premier lieu valoriser les collaborateurs d’une entreprise par un bon niveau de rémunération. Ensuite, la liberté et l’autonomie restent deux éléments indispensables. Ceci explique notamment le succès du télétravail. En effet, les employés autonomes sont plus efficaces. Ils ne sont pas obligés d’être sans cesse en représentation et peuvent alors se concentrer sur la production. Enfin, le sens reste l’une des clés de succès de la fidélisation des collaborateurs. Au-delà de la rémunération, les salariés sont toujours plus mobilisés lorsque leur mission est porteuse de sens.

Le changement peut-il venir des Millenials ?

Nous constatons en effet que les jeunes générations ont un rapport au travail très différent de leurs aînés. Le travail n’est plus considéré comme une finalité, mais comme un moyen au service de leur bien-être personnel. Ils n’hésitent plus à changer régulièrement d’employeurs et à s’octroyer des années sabbatiques. Ils sont de moins en moins nombreux à s’engager pour une entreprise, d’où la nécessité, pour les fidéliser, de leur proposer des missions dotées de sens.

 

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