Gouvernance : la montée de l’activisme en Europe

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S’ils ne concernaient il y a dix ans que quelques situations ponctuelles et marginales, les fonds activistes sont devenus un vrai sujet de préoccupation dans tous les conseils d’administration.

Les fonds activistes  jouent régulièrement les trublions dans la gouvernance des grands groupes cotés. Selon Lazard, 226 entreprises ont été ciblées par des campagnes activistes en 2018, en hausse de 20%. Ces investisseurs, qui prennent des positions minoritaires au capital pour pousser à des changements de stratégie ou de management, ont déployé 65 milliards de dollars en 2018.  Le fonds américain Elliott, qui a récemment ému la place de Paris en prenant 2,5% du capital de Pernod Ricard, a confirmé l'an dernier sa position de numéro un mondial de l'activisme, avec 22 nouvelles campagnes pour 14,7 milliards de dollars, devant son compatriote ValueAct et le suédois Cevian.

La réussite aux Etats-Unis des fonds activistes a encouragé ces derniers à développer leur présence en Europe et en Asie aux côtés de fonds locaux qui appliquent la même approche. D’après une étude de Deloitte publiée fin janvier, « les campagnes d’activistes sur des grands groupes hors USA représentent en 2018 près de la moitié du total mondial, contre moins d’un tiers en 2014. » Lazard, de son côté, recense 58 campagnes ayant visé des entreprises européennes, soit un record jamais atteint jusqu’à présent.  Ce qui dénote de l’intérêt croissant de ces fonds anglo-saxons pour le Vieux Continent, où ils ont déployé 15,7 milliards de dollars en 2018. Ce montant a certes subi une baisse significative par rapport aux 22,2 milliards de dollars investis en 2017 mais il a touché un nombre plus important de cibles, preuve d’une forme de « démocratisation » de ces raids actionnariaux. Car en 2017, le montant déployé avait été gonflé par les 7,8 milliards engagés dans seulement trois dossiers : Nestlé, NXP et Tesco. 

Dénoncer les dysfonctionnements réels

Le phénomène ne relève donc plus d’un épisode passager mais plutôt d’une tendance durable avec laquelle les conseils d’administration des groupes européens doivent apprendre à composer. D’autant que les prochains mois devraient connaître une recrudescence de l’activité de ces investisseurs « non désirés ». « Outre le niveau de valorisation moins tendu des bourses européennes, ces fonds sont paradoxalement attirés par le renforcement par l’UE des règles de gouvernance permettant de rendre les entreprises plus transparentes », analyse le rapport de Deloitte. Cet engouement s’accompagne également par une forme de « normalisation » avec l’apparition d’une nouvelle génération d’activistes moins agressifs que les sulfureux Muddy Waters ou Wyser-Pratte. S’ils ne sont pas réputés faire dans la dentelle, les activistes sont parfois considérés comme des sortes de lanceurs d’alertes en braquant les projecteurs sur des dysfonctionnements réels, faisant converger leurs intérêts ave ceux d’actionnaires minoritaires passifs. Une donne avec laquelle les équipes dirigeantes devront apprendre à composer en adoptant une gouvernance plus transparente et en améliorant la communication avec leurs actionnaires minoritaires.

 

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