COVID-19 : quelles conséquences attendre sur les taux d'emprunt bancaire ?

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Covid-19 : quelles conséquences attendre sur les taux d'emprunt bancaire ?
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Depuis cinq ans, les entreprises bénéficiaient de taux d'emprunt historiquement bas en zone euro. Cette situation sera-t-elle être remise en cause par la crise du COVID-19 ?

 

Une crise économique se caractérise traditionnellement par un durcissement des conditions d'octroi du crédit et une hausse des taux d'emprunt exigés par les créanciers pour couvrir leurs risques.

De prime abord, la crise du COVID-19 n'échappe pas à la règle. Sur les marchés obligataires, les emprunteurs jugés les plus risqués (entreprises de la catégorie high yield) ont vu leurs taux d'emprunt bondir entre la mi-février et la fin mars, et ceci dans le monde entier. Les entreprises et les États les plus sûrs ont au contraire vu leurs taux d'emprunt baisser grâce au soutien des banques centrales. Comme lors des crises de 2008 et 2011, les taux d'emprunt sur les marchés obligataires se sont donc fortement écartés selon la qualité des emprunteurs.

Les prêts garantis par l’État empêchent une envolée du coût du crédit

Néanmoins, à l'inverse des crises précédentes, ce phénomène ne devrait pas se transmettre au crédit bancaire cette année. Et pour cause : en France, le gouvernement a mis en place un vaste programme de Prêts Garantis par l’État (PGE). Ce système permet aux entreprises en difficultés, quelle que soit leur taille, d'accéder jusqu'au 31 décembre 2020 à un prêt d'urgence d'une durée d'un an, au taux de 0,25%. Le montant demandé peut atteindre jusqu'à 3 mois de chiffre d'affaires. L'an prochain, le prêt pourra être remboursé intégralement si l'entreprise en a la capacité, ou amorti sur 5 ans pour un remboursement plus progressif.

Grâce à cette mesure, les entreprises sont assurées de ne pas subir une envolée de leur taux d'emprunt à court terme, notamment les PME ne disposant d'aucune autre source de financement que le crédit bancaire. Le taux de 0,25% des prêts d'urgence est même inférieur aux taux habituellement pratiqués par les banques : les entreprises françaises bénéficient donc de conditions de prêts très avantageuses cette année. Des mesures semblables ont par ailleurs été prises dans d'autres pays.

L'endettement des entreprises : une problématique de long terme

Les conséquences à plus long terme de la crise du COVID-19 sur les taux de crédit restent une grande inconnue à l'heure actuelle. Malgré l'action des gouvernements pour éviter le pire, de nombreuses entreprises vont voir leur dette augmenter rapidement au cours des prochains mois, ce qui détériorera la structure de leur bilan. La question se pose donc de savoir à quels taux les banques accepteront de prêter à ces établissements à partir de l'an prochain. Les entreprises à la recherche de crédit auront un profil d'emprunteur a priori dégradé et devraient se voir appliquer une prime de risque plus élevée qu'auparavant dans les offres de crédit qui leur seront faites.

L'année 2020 sera également celle de déficits budgétaires élevés pour les États et d'une récession a priori sévère, qui amèneront les ratios d'endettement (dette/PIB) à des niveaux particulièrement élevés. Les banques centrales auront de nouveau un rôle capital à jouer dans les années à venir pour éviter une envolée des taux d'emprunt des États, qui servent toujours de référence pour définir le « taux sans risque » dans de nombreux modèles de crédit bancaire. De la gestion de cette crise dépendra donc l'évolution des taux du crédit immobilier, du crédit à la consommation ou encore des prêts étudiants, en plus des prêts aux entreprises.

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